Hervé est hospitalisé depuis trois mois à Toulouse. En décembre dernier, on lui diagnostique une nécrose dans la cage thoracique, et même si l'homme parait plein de vie, il ne lui reste probablement que quelques jours à vivre puisque son coeur est touché.
"J'ai insisté pour qu'on me vire tous ces cables à la con, j'ai envie de mourir digne. J'ai mis une chic chemise et je prends des vitamines pour avoir l'air pas trop malade mais franchement j'ai bien mal dans le poitrail, j'avais pas senti un truc aussi fort au coeur depuis que feu mon épouse m'avait fait ma première gâterie.
Nan franchement le problème c'est ma putain de fille."
En effet depuis deux semaines, sa fille lui rend visite chaque jour. Ils n'ont plus grand chose à se dire mais elle s'asseoit et lui sourit d'un air attristé.
"Cette connasse veut mon fric", explique Hervé, "j'ai eu ma p'tite boîte pendant 35 ans et j'ai vendu de la coke la moitié de ma vie, forcément y a de quoi se payer du voyage en Thaïlande sans les enfants.
Du coup elle vient, avec sa gamine des fois. Pis elle me regarde comme une conne en souriant, comme si ça allait accélerer ma mort. Ça m'énerve plus qu'autre chose et rien que pour ça j'compte bien tenir un mois. Pétasse hypocrite, va."
Hervé se sent piégé et victime d'une injustice, mais l'homme de 78 ans a plus d'un tour dans son sac :
"Le plus chiant c'est de se dire qu'on va être le seul à crever alors qu'on est parfois cinq ou six dans la pièce. Forcément on a l'air con. Mais elle attend que ça, alors crois-moi que l'héritage y va être dépensé pour réparer ses conneries.
Par exemple hier j'ai gerbé du sang exprès sur son tailleur en satin, et bam y en a bien pour une demi-patate chez le blanchisseur."
Notre respect le plus profond va à Hervé, pour qui, avant de partir, nous avons placé un seau de merde en haut de la porte "pour faire une surprise à l'autre chieuse."
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