Hidalgo lance SDF Go

C'est une nouvelle qui va ravir tous les fans du jeu Pokémon Go. A la suite de La Nuit de la Solidarité, qui s'est déroulée à Paris dans la nuit du 15 au 16 février dernier et au cours de laquelle plus de 3000 personnes sans-abri ont été dénombrées dans les rues de la capitale, Anne Hidalgo et Tatsumi Kimishima, PDG de Nintendo, ont annoncé un grand partenariat entre la mairie de Paris et le géant japonais du jeu vidéo.

 

Avec actuellement 807 créatures dans son Pokédex, la firme nippone souhaite frapper un grand coup en proposant une arrivée massive de nouveaux personnages. 2952 privilégiés auront donc la chance d'intégrer le plus grand bestiaire de l'histoire vidéo-ludique, et d'être adoptés par des dresseurs venus du monde entier les dénicher dans les caniveaux et autres couloirs de métro. Intégrés à l'application comme tous les autres mais faits de chair et d'os, ces nouveaux monstres doivent permettre d'apporter une nouvelle dimension à ce succès mondial, en permettant de véritables combats IRL (In Real Life). Bien sûr, il sera également possible de leur faire affronter Pikachu et ses amis au sein d'arènes virtuelles. Attaque vomi, attaque aiguille usagée, il y en aura pour tous les goûts. Le jeu étant encore en cours de développement, il ne nous est pas possible d'en dire plus pour le moment. 

 

A la mairie de Paris, on fanfaronne: "il nous fallait trouver une solution rapidement. C'est aujourd'hui chose faite, avec l'assurance qu'aucun sans domicile fixe ne viendra repeupler les trottoirs une fois le jeu lancé. C'est une réussite totale et nous tenons à remercier tous les volontaires ayant participé aux maraudes. Fluctuat nec mergitur". 

 

Afin de prendre la température auprès des premiers concernés, c'est dans la rue que nous nous rendons. Philippe, 46 ans dont près de 14 dans la rue, et qui squatte inlassablement le même quai du 1er arrondissement depuis des années, accueille la nouvelle de façon plutôt mitigée: "Je sais pas trop comment le prendre hips autant ça fait plaisir hips d'être enfin considéré autrement que comme un gros hips sac à merde hips autant j'ai l'impression qu'on se fout un peu de ma gueule et d'être utilisé comme une hips vulgaire marchandise pour satisfaire ces pédés de hipsters qui hips cherchent à combler le vide abyssal de leur hips existence en jouant à un hips jeu de merde". 

Autre arrondissement, autre point de vue. Dylan, 25 ans et jamais sans sa pipe à crack , peine à relever la tête d'une flaque de vomi lorsque nous l'approchons sur le quai de la ligne 5 à Gare du Nord. 

"Gnééééééé ? Poké-quoi ? Kof kof Ouais c'est cool, c'est cool, t'as pas un peu de kof kof monnaie sinon ?" lance t-il l'air satisfait avant de vomir à nouveau et d'être pris de convulsions dans l'indifférence générale. 

 

Du côté des joueurs, on accueille la nouvelle avec l'enthousiasme des grands jours. Laurent-Charles, 30 ans, coursier à vélo vivant toujours chez sa mère, 3000 heures de jeu à son actif, s'explique: "Pouvoir échanger avec son Pokémon, le toucher, lui donner des ordres et lui flageller la gueule à coups de cravache, c'est juste le rêve de tout dresseur ! Le jeu était déjà cool, mais là ils font très fort". A la question de savoir s'il considère que ce n'est quand même pas un peu chelou de capturer des êtres humains et de les avilir dans le seul but de les faire se foutre sur la gueule pour le fun, il affirme, serein: "franchement, je vois pas à qui ça fait du mal" avant de poursuivre, philosophe: "que ces mecs soient vautrés dans leur caca la main tendue vers ceux qui bossent ou que des geeks leur offre la possibilité d'exploiter leur faible potentiel, la majorité continuera à les enjamber comme si de rien n'était ou à pousser des haut-le-coeur en les voyant. Au moins nous on reste pas les bras croisés".

 

Un point de vue massivement partagé par la communauté, mais qui a provoqué l'ire de certaines associations. De son côté, Nintendo affirme dans un tweet que "comme tous les autres Pokémons, Philippe, Dylan et tous leurs copains, seront traités avec tout le respect qui leur est dû et qui de toute façon leur est garanti par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen parce qu'ils restent avant tout des êtres humains et qu'en France c'est comme ça donc pas d'inquiétude, bordel." La mairie de Paris rappelle quant à elle que la priorité est désormais la baisse du niveau de pollution, laissant entendre que le débat est clos. 

 

Sortie prévue à l'hiver 2018.

 

 

Article rédigé par Bats

 

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