Temps difficiles : ils n’ont plus les moyens de payer l’entrée à cinq euros des soirées où ils vont aller claquer pour 70 balles de drogue

Depuis de nombreuses années, les effets de la crise économique mettent à mal l’industrie du divertissement, et si le secteur du spectacle était jusque-là relativement épargné, il devient de plus en plus difficile pour les organisateurs de concerts de convaincre leur public cible de payer une entrée pour assister à un live. La raison n’est pas le manque de qualité de la programmation, le manque d’infrastructures dédiées ou encore l’augmentation des accises sur l’alcool, mais bien le prix des stupéfiants. Contrairement à ce que l’on pourrait croire d’emblée, les soirées dédiées à la musique électronique ne sont pas les premières à se vider : le prix de la MDMA est resté relativement stable au cours de la dernière décennie et les plus chanceux trouvent même encore des plombs à deux euros pièce chez les revendeurs les plus honnêtes.

Le problème se situe principalement du côté du metal extrême, et essentiellement dans la scène black metal. Genre impopulaire et plutôt difficilement accessible de nature, il a toujours été particulièrement difficile pour les organisateurs de BM de rassembler les foules, mais le problème risque de devenir insurmontable en 2019. Pour Wölf du collectif Unholy Black Mass Mayhem, mettre la clé sous la porte du café-concert-friterie "Al’ Bonne Franquette" où il a organisé plusieurs festivals dédiés au black occulte l’an dernier reste même la seule option envisageable : "l’an dernier a été catastrophique pour les recettes au bar, sur une date de cent cinquante personnes il n’était pas rare de vendre dix bières au total sur la soirée, le public se désintéresse de la musique et de l’alcool, ils sont là pour autre chose". En effet, suite à un sondage, il appert que pas loin de 80% du public d’un concert de black metal se déplace essentiellement pour :

1) l’accès aisé à des substances illicites

2) pour montrer à tout le monde qu’ils pèsent encore dans le game

3) les nanas en spandex toxic vision.

Interrogés par nos soins, plusieurs musiciens influents dans la scène francophone confirment ces craintes "si on a pu signer chez Silver Skullhead et Fön Records c’est parce qu’un jour on s’est retrouvés à quatre dans les chiottes du Atomkrieg Jetzt avec les mecs des labels, je sais même plus ce qui jouait à ce fest à Berlin, on a viteuf gratté des guests et on a pas dormi pendant 5 jours et maintenant paf on sort des LP’s limités à 100 pièces avec un poil de bite dedans et les gens se les arrachent !".

 

Mais la drogue de qualité à bon prix se fait rare, beaucoup de fans se retrouvent désormais à commander des raclures de laboratoire sur le darknet et peinent malgré tout à coupler leur engouement pour la chimie avec la politique renforcée de nombreux organisateurs concernant l’attribution des guests. Devant l’entrée du Chaos Eerie Ritual un fan s’indigne devant la copine du guitariste du premier groupe qui tient les entrées "cinq balles ? Cinq balles ? Pour cette daube ? Allez dégage connasse" et de passer, outragé, devant la jeune femme impuissante, pour foncer droit vers les toilettes de l’établissement. "La prochaine fois on devrait engager une madame pipi, pour compenser, avec 50 centimes par personne tous les quart d’heures, on aurait peut-être pu passer l’essence aux groupes." nous confie-elle. Une idée qu’il faudra définitivement creuser.  

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